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TONY GARNIER, RETOUR AUX SOURCES - 12

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XII. De l’école des beaux-arts à l’école de tissage

Le projet de créer une nouvelle école de tissage à Lyon n’est pas nouveau au moment où Tony Garnier s’en saisit à la demande d’Édouard Herriot. L’école de tissage de la rue de Belfort, dans le quartier de la Croix-Rousse, victime de son succès, est largement saturée. Dès 1902, un projet de nouvelle école est envisagé. Plusieurs architectes sont sollicités en 1905, mais la municipalité n’examine finalement que les esquisses de Tony Garnier, le seul à proposer un projet complet et cohérent. Toutefois, le dossier n’aboutit pas et le projet est mis en sommeil, malgré l’achat de certains terrains.

En août 1918, Herriot demande à Tony Garnier de travailler sur un double projet qui consiste à réorganiser l’école des Beaux-Arts et à réaliser une nouvelle école de tissage. Mais les moyens manquent après la fin de la Grande Guerre. Il faut attendre 1922 pour qu’un débat ait lieu au conseil municipal, à l’issue duquel il est demandé à l’architecte d’abandonner le projet d’ensemble sur les arts décoratifs au bénéfice de la seule école de tissage. Il y a urgence car le bail de l’école de la rue de Belfort se termine en principe en 1928. Tony Garnier redessine son projet, qu’il présente au conseil municipal en septembre 1926. Celui-ci le valide et lui alloue un premier budget qui sera complété à la demande de l’architecte, en raison d’importants terrassements à effectuer sur le terrain en pente, retenu cours des Chartreux (actuel cours Général Giraud). Les travaux ne seront achevés qu’en 1934, incluant la réalisation de la villa du directeur dans un style moderniste, attribuée au chef d’agence de Garnier, Jean Faure. Cette villa sera inscrite au titre des monuments historiques en 1991, en même temps que le bâtiment principal.

La modernité est très présente tant en façade que dans la conception des bâtiments et des circulations. La façade sur le cours des Chartreux est rectiligne et symétrique, avec un usage du béton cannelé permettant des détails décoratifs très affirmés. La surface est bouchardée de façon à obtenir un traitement qui évoque la pierre. Au sein de cette régularité fondée sur la répétition, Garnier introduit une composition symétrique par les trois portes d’entrée au centre et par l’augmentation progressive de la hauteur des grandes baies vitrées aux extrémités. Cette organisation fait oublier la déclivité de la rue, discrètement absorbée par le soubassement. Incluse dans le périmètre du site Unesco de Lyon depuis 1998 – il s’agit de la seule œuvre de Tony Garnier concernée par cette inscription –, l’ancienne école de tissage, devenue Lycée La Martinière-Diderot, ne bénéficie pas pour autant d’une véritable attention de la part des collectivités territoriales. Or elle offre un état de conservation, pour la partie réalisée par Tony Garnier, qui ne s’opposerait pas à une plus forte valorisation. L’atrium du bâtiment principal pourrait jouer dans ce cadre un rôle central.

 

 

La façade monumentale de l’ancienne école municipale de tissage sur le cours Général Giraud.
Photo © Pierre Gras / Institut Tony Garnier.

 

Conception et rédaction des récits par l'Institut Tony Garnier.

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